La maladieAppellation « non IPI »Contrôle des risques
BVD : la maladie
La Diarrhée Virale Bovine (BVD) est une pathologie très répandue, à l’origine de pertes économiques importantes dans les élevages bovins. Les pertes économiques sont scientifiquement évaluées en élevages infectés dans une fourchette de 46 € à 83 € par bovin et par an.
L’agent infectieux
L’agent responsable est un virus spécifique aux bovins, de la famille des Pestivirus (de la même famille que celui de la Border Disease des ovins), non transmissible à l’Homme. C’est une maladie réglementée par l’État.
- Transitoire : durant quelques semaines lors d’un premier contact,
- Permanente : le veau contaminé dans le ventre de sa mère reste infecté et excréteur à vie (IPI).
Une large palette de symptômes cliniques
Un passage du virus peut s’exprimer de façon très variable d’un cheptel à l’autre, cela dépend de la catégorie d’animaux concernés, du statut immunitaire en place … Cela rend son identification difficile puisque aucun signe n’est vraiment caractéristique = c’est plus souvent un faisceau de présomptions qui permet de soupçonner la BVD.
Cependant, une aggravation des problèmes sur les veaux est fréquemment notable. Les veaux sont les « sentinelles » : ils expriment davantage de signaux que les adultes lors d’un passage du virus.
▶ Les signaux qui doivent vous alerter :
- Augmentation de la mortalité des veaux
- Maladie importante des veaux, avec échec de traitement
- Problèmes de reproduction sur les adultes, avortement (voir le schéma ci-dessous)
- Diarrhées récurrentes sur les veaux
- Problèmes respiratoires malgré une vaccination et des soins
- Retard de croissance et veaux chétifs
- Maladies des muqueuses, mortelle et incurable (phase clinique de la B.V.D., qui n’atteint que les animaux I.P.I.)
- …
Le recours aux analyses via le laboratoire vétérinaire est incontournable pour confirmer l’hypothèse de l’infection.
Les voies de transmission du virus
▶ Transmission horizontale « de contact »
La contamination d’un animal sensible (non immunisé) se fait TOUJOURS PAR CONTACT DIRECT avec le virus, le plus souvent avec un animal excréteur :
- Introduction dans l’élevage d’un animal infecté = ACHAT – prêt – pension
- Contacts « mufle-à-mufle » avec un animal infecté (par dessus la clôture, … )
- Lors de concours ou de rassemblement d’animaux
- Avec du matériel souillé (bétaillère, mouchette, tondeuse, vêtement, etc.)
- Attention aux vaches achetées gestantes (statut du veau inconnu)
L’achat d’animaux infectés est la première source de contamination des cheptels !
▶ Transmission verticale » in utéro »
C’est à dire de la mère à son veau pendant la gestation in utéro. La création de l’IPI se fait lorsqu’une femelle non protégée est contaminée par le virus entre le 40ème et 125ème jour de gestation. Plusieurs vaccins existent pour éviter la création d’IPI et les autres conséquences de l’infection foetale (en savoir plus sur la vaccination ici).
Schéma : Effets du passage du virus de la B.V.D. durant la gestation
Animaux excréteurs : IPI ou virémique transitoire ?
Il existe deux catégories d’animaux excréteurs du virus : l’IPI et le virémique transitoire. Ils excrètent du virus dans toutes leurs sécrétions : les bouses, la salive, le lait, le sperme, les sécrétions utérines, le liquide amniotique, etc.
▶ L’IPI : infecté permanent immunotolérant
L’animal IPI, réservoir majeur du virus, a été infecté au stade foetal ou conçu par une mère elle-même IPI. Dans la mesure où il est né avec le virus, son système immunitaire ne s’en défend pas : il ne produit donc pas d’anticorps contre le virus (sérologie négative). En revanche, ilexcrète du virus en grande quantité et en permanence jusqu’à sa mort, ce qui fait de lui une « BOMBE A VIRUS ».
Ces IPI peuvent selon les cas :
- Être d’apparence normale,
- Avoir une croissance réduite, et apparaitre alors rapidement comme des non-valeurs économiques,
- Exprimer un ensemble de symptômes (= ulcères dans la bouche, diarrhée, écoulements nasaux et oculaires),qualifiée de maladie des muqueuses. Il n’existe aucun traitement pour la maladie des muqueuses et elle évolue toujours vers la mort. Un animal IPI n’a aucune valeur économique.
Leur identification ne se fait que par analyse au laboratoire.
Lors d’une contamination d’un troupeau par la B.V.D., la recherche et l’élimination de ces animaux IPI est la première et indispensable étape vers l’assainissement.
A noter que la vaccination est inopérante sur les animaux IPI eux-mêmes, ceux-ci demeurant excréteurs permanents du virus qu’ils ont contracté au stade embryo-foetal.
▶ Le virémique transitoire
Le virémique transitoire est un animal sain à la naissance, qui contracte temporairement le virus suite à un premier contact avec le virus.
Pendant plusieurs semaines, il est porteur et excrète du virus le temps de fabriquer les anticorps nécessaires à l’élimination du virus de son organisme (anticorps que l’on détecte d’ailleurs par analyse sérologique). Durant cette période, son système immunitaire est fragilisé ce qui favorise l’expression d’autres pathologies.
Diagnostic au laboratoire
Il existe 3 types d’analyses :
- La sérologie (recherche d’anticorps dans le sang des bovins) = la positivité traduit que l’animal, s’il était âgé d’au moins 6 mois lors du prélèvement, a déjà été en contact avec le virus et a déclenché une réaction immunitaire. Il est donc, dans ces conditions, considéré « NON IPI ».
- La virologie par antigénémie (recherche de trace du virus) = recherche directe des excréteurs. Lorsque cette technique est à réaliser sur le sang des bovins, elle doit uniquement être réservée à ceux âgés de 3 mois et plus lors du prélèvement (pour pallier à l’interaction avec les possibles anticorps maternels). Un résultat négatif fait considérer l’animal testé dans les conditions appropriées comme « NON IPI ».
- La virologie par amplification génique = recherche de l’ADN du virus avec une technique de biologie moléculaire. Recherche directe des excréteurs. Un résultat négatif fait considérer l’animal testé dans les conditions appropriées comme « NON IPI ». Cette technique est très sensible et spécifique.
▶ Interprétation schématique des résultats avec analyses P.C.R. et sérologie
VIRUS (PCR) | |||
+ | – |
||
ANTICORPS (sérologie) |
+ | Animal virémique | Animal ayant déjà été en contact avec le virus ou vacciné avec certains vaccins |
– | Animal IPI | Animal sain n’ayant jamais été en contact avec le virus |