Prévenir le risque botulique accidentel ou collectif !
Vigilance vis-à-vis des chantiers de récolte et des épandages d’effluents
Le botulisme est une maladie paralytique rare mais grave due à la bactérie Clostridium botulinum qui prolifère dans les cadavres en décomposition. La neurotoxine botulique est le plus puissant des poisons connus qui agit en bloquant l’influx nerveux. Les spores de cette bactérie sont très résistantes à la chaleur et largement présentes dans l’environnement.
Cette toxine est subdivisée en 7 sérotypes (A à G). L’homme est sensible à la toxine de type A, B, E et F.
Botulisme chez les bovins
Les bovins sont surtout sensibles à la toxine de type B (principalement marquée par des troubles digestifs), C et D (avec paralysie musculaire et mort subite de quelques animaux jusqu’à l’ensemble du troupeau).
Une fois la toxine (ou les spores) ingérée par les bovins, et après une incubation moyenne de quelques heures à 15 jours (selon la quantité ingérée), les animaux concernés présentent des signes de paralysie flasque : perte d’appétit, abattement, démarche vacillante, chute, puis le bovin reste couché ; difficultés pour mastiquer, pour avaler, la langue peut rester pendante à l’extérieur de la bouche, les paupières rester mi-closes ; la température reste normale.
Dans la plupart des cas, les signes évoluent progressivement vers la mort par asphyxie respiratoire. La guérison est très rare, mais possible dans les formes atténuées. Dans de très rares cas, la forme suraiguë peut entrainer une mort en quelques heures.
Il convient donc de suspecter le botulisme lors d’apparitions successives de signes de paralysies flasques (les bovins sont « mous ») évoluant en quelques jours vers la mort, sur plusieurs bovins d’un même lot. Des prélèvements sont recommandés, pour confirmation dans un laboratoire spécialisé. Des protocoles ont d’ailleurs été élaborés par les Gds , Gtv et Lda, permettant d’en faciliter le diagnostic à partir de prélèvements adaptés.
Il n’y a pas de contagion d’un animal à l’autre mais l’ingestion par plusieurs bovins d’aliments ou d’eaux contaminés peut générer une succession de cas. L’atteinte d’une grande partie d’un troupeau peut être accentuée par l’utilisation d’une mélangeuse destinée à homogénéiser la ration alimentaire.
Origines de la contamination
La contamination de ruminants se fait la plupart du temps, accidentellement, par le biais des aliments, par l’ingestion de denrées alimentaires ou d’eau contaminée. A la source des toxines de type C et D, on retrouve souvent des cadavres de volailles, d’oiseaux ou de petits animaux (rongeurs, autres,) qui ont contaminé les réserves d’eau, un silo, une boule de foin ou d’enrubannage, une pâture, la litière voire l’environnement de manière générale.
La présence d’exploitations de volailles à proximité de bovins et l’épandage de fumier de volailles sur les prairies sont également des risques à ne pas négliger pour la propagation du botulisme chez les bovins. Plusieurs cas de foyers botuliques dits collectifs sont signalés chaque année en France avec parfois plusieurs troupeaux infectés dans un même secteur.
Traitement et prévention
Il n’existe aucun traitement une fois que les symptômes se manifestent chez un bovin. Il est donc absolument nécessaire de mettre au point des mesures préventives afin d’éviter l’apparition de la maladie.
Ces mesures sont basées sur l’hygiène et les bonnes pratiques agricoles tant au niveau de l’alimentation que de l’abreuvement des bovins : prévoir de l’eau potable propre, ne provenant pas de ruisseaux ou de rivières.
Lors des chantiers de fauche et d’ensilage, il convient d’être extrêmement vigilant afin de ne pas piéger du gibier (lapin, lièvre, faisan…) Susceptible de se retrouver dans les balles d’herbe ou les silos. La mise en place d’une barre d’effarouchement à l’avant du tracteur peut diminuer ce risque lors du fauchage.
Autres recommandations : récolter les parcelles du milieu vers l’extérieur pour favoriser la fuite de la faune sauvage, ne pas faucher trop court, stocker sur une plateforme et de préférence sur une surface légèrement surélevée afin de limiter l’accumulation d’eau de pluie sous le silo, ou encore, contrôler le fourrage ensilé quant à la présence de cadavres ou de moisissures avant de le distribuer.
Il faut également proscrire l’élimination des petits cadavres (volailles, rats, avortons…) dans le fumier. L’épandage de fumier contaminé sur des herbages est un facteur de risque important du botulisme
Stocker les petits cadavres (volailles, avortons, veaux…) avant ramassage par l’équarrissage dans des bacs adaptés : il est en effet fréquemment observé que les chiens ou les renards cachent le reste des cadavres consommés (parfois dans le silo !) , éviter l’épandage de fumier de volailles sur les pâtures (ou au voisinage de prairies à bovins), surtout si ce fumier a pu contenir des cadavres de volailles non retirés (le risque est d’autant plus grand que le fumier est pulvérulent et la journée d’épandage venteuse) ; retirer les cadavres de petits animaux de l’aliment ou des points d’eau (ex : un cadavre de pie ou de chat dans un bac à eau, un rat noyé dans une tonne à eau ou retrouvé mort dans le concentré…).
Dans un foyer confirmé de botulisme, un vaccin peut être indiqué pour protéger les bovins non malades. Une ATU (autorisation temporaire d’utilisation) a été validée en France en 2014 pour un vaccin contre les botulismes de type C et D (ULTRAVAC Botulinum) ; il est donc possible pour les vétérinaires d’importer ce médicament en cas de besoin et de vacciner les bovins contre cette maladie à visée préventive.
A noter que le fonds national de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE) peut couvrir une partie des pertes dans les foyers confirmés par analyse ; les dossiers sont alors instruits par les GDS.
Renseignements complémentaires auprès des services techniques des GDS.
Vincent Fournier
pour la FRGDS Hauts de France
Recommandations pour les stockages au champ et épandages de fientes de volailles :
En complément des mesures imposées par la réglementation, un certain nombre de préconisations sont conseillées pour limiter le risque de dissémination des spores botuliniques :
- Eloigner au maximum les tas de fumier des prairies,
- Ne pas stocker les fumiers en amont des pâturages et tenir compte des vents dominants lors de la mise en place des dépôts,
- Supprimer les épandages de fumier sur prairies,
- Ne pas épandre à proximité des prairies en période de vent,
- Interdire l’accès des bovins aux tas de fumier,
- Supprimer l’utilisation de litière trop fine et plus volatile (paille de lin par exemple…),
- Stocker les cadavres de volailles dans un contenant avec froid négatif en attendant la collecte par l’équarrissage (se conformer aux fiches biosécurité de l’ITAVI sur la gestion des effluents et des cadavres)